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                                                      LA MAISON DES MORTS

Le temps détruit tout.

Je ne sais pas pourquoi mais je me suis toujours senti bien dans un cimetière.

J’ y allais enfant pour la fête des morts. On nettoyait la tombe, la fleurissait puis sur le chemin on regardait les tombes des autres, on lisait les noms, les dates, on s’arrêtait sur celles qui nous attiraient.  Pourtant un cimetière porte en lui toute la tristesse du monde : la mort pour les vivants.

Entropie. Les tombes deviennent des ruines, les épitaphes s’effacent, la pierre s’effrite, le métal rouille, la végétation envahit les tombes abandonnées, les fissure, les brise. Le chaos arrive. Tout retourne à la poussière et l’oubli s’installe. C’est ça le plus déprimant dans un cimetière se rendre compte de l’inévitable et éternel oubli. Le plus terrible c’est que le temps détruit vraiment tout on a beau se battre, faire de beaux tombeaux, les entretenir mais tôt ou tard plus personne ne viendra les fleurir, les familles s’ éteignent, oublient et le dernier signe d’une vie, d’un passé s’efface avec le temps. Tout tend vers le chaos.

Cependant à chaque fois que j’y vais un sentiment paradoxal de mélancolie et de réconfort m’envahit. Il y a beaucoup d'amour, l'amour des vivants qui se souviennent. 

Au fil de mon parcours je lis les noms sur la pierre, je vois les photos, j’ai le sentiment de ranimer le souvenir de ceux qui se sont perdus dans le temps, pourtant des inconnus. C’est si peu et pourtant le nom de cette mère, de cet ami de cet enfant de cet homme de cette femme à qui plus personne ne pense refait surface en un éclair en moi, une étincelle puis disparaît à nouveau.

Aller dans un cimetière rend la vie absurde et essentielle. Tout tend toujours vers le chaos.

 Le temps détruit tout.

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