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Dans le fond je ne sais pas pourquoi je fais toutes ces images.

La question posée brutalement n' a pour moi aucune réponse valable et si elles arrivent elles sont toutes très incomplètes ou bien trop attendues, stéréotypées. Rares et courts  sont les moments de lucidité où il semble que l' on tienne une explication valable, profonde et faut il encore pouvoir la dire.

 Je ne sais pas définir comment un processus créatif se met en place et perdure, c' est un flux qui semble être autonome, il nait de lui même et s 'arrête de lui même.

Nécessité, insatisfaction, besoin de reconnaissance, recherche inlassable de sens, vanité, cupidité, simple plaisir... Je ne sais pas.

Ce que je sais c'est qu' il y a une dimension indéniablement magique à la création, magique dans le sens du mystère, du passage initiatique vers une connaissance sensible plus grande, vers un domaine où le lien avec l' invisible opère. Il y a assurément un lien avec la mort et le sacré.

B.M

Sur le corps photographié

Le rapport de l’humain aux corps est central, tout se rapporte aux corps. 

Notre chair produit notre pensée, nous sommes matière.

Il n’est pas simple de se montrer nu et pourtant quoi de plus simple ?

Il suffit de se déshabiller et d’essayer d’ oublier la charge du regard d’autrui, notre vision faussée de nous même. Nous sommes ce que nous sommes, rien de plus rien de moins.

Pour un instant fuir la sexualisation, le corps objet, le corps médical, le corps machine à travailler, le corps scientisé, soumis, politique, esthétique, érotique, religieux et pourtant avoir pleinement conscience que le corps chez les humains est un véhicule d’une multitude de sens. Par sa seule présence il fait sens. Etre.

Bien sur le corps ici est maintenant est un corps issu de son époque mais il reste la chose commune entre les époques passées et le présent.

Bien sur il est érotique, bien sur il est marqué par des cicatrices, par la maladie, par le travail, par les changements qu’on y apporte et pourquoi on les y apporte, par une multitude d’expériences et par ce destructeur inévitable qu’est le temps.

Alors pour un moment on se déshabille on se place devant l’objectif, on se laisse aller et on s’observe. Il n’est pas facile de se sentir (même nu) détaché de ce qu’on se sent obliger de paraître ni de se voir et d’accepter avec indulgence et tendresse ce que l’on est.

La photo permet ça, se sentir pour un moment détaché d’un regard qui a trop de poids, le sien et celui des autres. On ne se libère jamais tout à fait mais ces photos vont nous permettre de nous voir autrement.

C’est ce voir autrement qui importe, il faut bien préciser qu’une photo d’un corps est une interprétation par l’image de ce corps, ce n’est en aucun cas LE CORPS de la ou du modèle, vous êtes passé à travers l’œil du photographe et à travers un appareil photo.

A bien y réfléchir on ne pourra jamais avoir une image de son propre corps qui nous définisse totalement, définitivement, objectivement. C’est ce qui différencie le corps de l’objet, il est dans un mouvement constant, inattrapable véritablement mais seulement dans de bref moment par la photo. A peine la photo prise le corps a déjà changé.

B.M

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